Stationnée en Angleterre et ensuite en France : une volontaire dans la tourmente, durant la Seconde Guerre mondiale...

Elizabeth A. Richardson de la Croix-Rouge américaine

 

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Elizabeth, capitaine et toutefois dépourvue de grade militaire

 

L'histoire d'Elizabeth Richardson permet de porter un regard singulier sur les évènements de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à cette infirmière de 25 ans, la vision qu'on a généralement à propos des histoires de soldats, en service dans les forces terrestres, maritimes ou aériennes, se déroute de ce qui fait le quodidien du militaire lambda.

 

La vie d'Elizabeth commence dans l'Indiana, où elle y suit sa scolarité au collège. Suite a ses études, elle se déplace dans le Wisconsin, afin d'y travailler. Enfin, infirmière au service de la Croix-Rouge américaine, elle est détachée en Angleterre, où elle rejoint, via le Queen Elisabeth, le million d'Américains déjà présents sur le territoire. C'est par la suite, en France, qu'en 1945, elle trouve tragiquement la mort, dans un accident d'avion.

 

Bref historique

 

Lizbeth Richardson grandit à South Bend, dans l'Indiana, à 160 kilomètres de Chicago. Après avoir obtenu son diplôme à la Mishawaka High School en 1936, elle part s'installer au Milwaukee-Downer College où elle prend goût pour les arts (musique, littérature, photo, aquarelle), mais aussi, pour le business international. Comme beaucoup de jeunes Américains de sa génération, Elizabeth est favorable au fait que les USA ne doivent pas s'impliquer militairement dans le second conflit mondial. Guerre qui a embrasé l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Son souhait de non interventionnisme de l'Amérique repose sur ce que les stigmates infligés à son pleuple, suite à la participation des USA au premier conflit mondial (France : 1917, Argonne / Verdun ; Marne...), sont encore présents dans la mémoire collective, une vingtaine d'années après les faits...

 

L'attaque japonaise sur Pearl Harbor aura toutefois vite fait de lui faire admettre que la politique revancharde des États-Unis, meurtris par ce qui vient de leur être infligé, dans le Pacifique, où sont stationnés 86 unités de leur force, ne peut être que suivi de représailles militaires.

 

Bien que peu encline à voir les USA entrer en guerre, elle souhaite que ceux-ci auront tôt fait d'y participer militairement, aux côtés des Alliés, et ce, afin de vite recouvrer la paix.

 

Début 1944, prenant conscience de ce qui arrive à ses amis partis à la guerre, elle quitte son emploi de publicitaire à Milwaukee, pour s'engager comme volontaire dans la Croix-Rouge, où deux amies et anciennes élèves d'école l'y précèdent. C'est à Hurst Hall, au Nord-Ouest de la ville de Washington, que les nouvelles recrues sont formées durant 6 semaines comme infirmières, à l'American University de Washington.

 

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Le centre de formation de la Croix-Rouge, à Hurst Hall, Washington DC (1944)

 

Plus tard, peu de temps après la fin de la guerre... 

 

C'est dans la matinée du 25 juillet 1945, qu'Elizabeth Robinson saute dans un petit avion biplace militaire, pour Paris, alors qu'elle doit y rallier le siège social de la Croix-Rouge. Près de Rouen, alors que le pilote à peine à voler à cause d'un épais brouillard, l'avion s'écrase. Liz et le pilote, le Sergent William R. Miller, attaché à la 9è Force aérienne, se crachent et meurent sur le coup.

 

Après avoir été inhumée plus de deux années dans le cimetière militaire de Saint-André-de-l'Eure (Evreux), qui compte 19.954 sépultures, c'est en 1948 que les autorités américaines décident finalement de transférer la dépouille d'Elizabeth Richardson au cimetière de Colleville-sur-Mer (9.387 tombes), sur les hauteurs d'Omaha Beach.

Trois autres femmes accompagnent Liz dans la mort et dans cette nécropole militaire du Calvados (Mary H. Bankston ; Mary J. Barlow et Dolores M. Browne).

 

Ainsi, tragiquement, Elizabeth Robinson décède à l'âge de 27 ans sans même que l'Allemagne ne devienne son dernier lieu d'affectation, avant retour programmé au pays.

 

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La sépulture d'Elizabeth porte le matricule A21-5

 

A propos de ses écrits...

 

A ses parents, en septembre 1944, elle écrit : "c'est une vie rude, irrégulière et bizarre, mais c'est merveilleux - c'est, aussi merveilleux que tout soit 'dans les circonstances'."

 

A un de ses meilleurs amis du collège, elle avait plaisanté de la sorte : "et dire que j'ai un diplôme et il m'arrive de faire tant de beignets pour les soldats..." Et, d'ajouter : "je n'échangerais ma vie pour rien d'autre ; j'ai tellement de satisfactions dans ce que je fais de ma vie, qu'auparavent, je n'avais pas réalisées."

Les lettres de guerre d'Elisabeth Richardson, ses agendas, aquarelles et photographies sont la possession de  Charles M. Richardson Jr., son frère.

 

Les Archives Nationales du College Park, Maryland, proposent une importante collection de documents de première source sur la Croix-Rouge américaine, et, couvrant la période de 1935 à 1946. De même, une autre collection majeure se trouve au Hazel Braugh Center à Lorton, en Virginie. L'université de Harvard, l'American Red Cross Club, la Schlesinger Library, Radcliffe Institute, fournissent des documents utiles portant sur les femmes qui se sont engagées, comme Elizabeth A. Richardson, durant la guerre...

 

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En Normandie, en compagnie de Marie Haynsworth, au centre de l'image.

Cliché, recadré pour les besoins de la mise en page, envoyé à ses parents, le 4 juin 1945...

 

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Plus que la chaleur dégagée par un café ou un beignet aux pommes...

 

 

Référence littéraire

James H. Madison

Slinging Doughnuts for the Boys: An American Woman in World War II

Bloomington : Indiana University Press, 2007

 

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